In the press
Les Gorgones, séductrices, tueuses et protectrices...
Le Soir, Mercredi 6 juillet 2011
COLJON, CLAIRE
Stars du monde gréco-romain, elles inspirèrent jusqu’aux artistes de la Renaissance. Mais qui sont ces figures inquiétantes ? Amoureux des mythes, l’antiquaire Dominique Thirion nous raconte leur histoire...
C’est parce qu’il aime réhabiliter les mythes, héros ou personnages malmenés par l’historiographie, qu’après Néron, Dominique Thirion a choisi de raconter les aventures et mésaventures de ce trio d’horribles femmes. « Elles n’auraient pas toujours été laides ! Médusa aurait même été si belle qu’un mythographe a écrit qu’Aphrodite – ou Athéna – la défia dans un concours de beauté et que, victorieuse, elle la transforma en monstre. Un autre raconte que Poséidon aurait séduit la belle dans un temple consacré à Athéna et que sa laideur serait le fruit de la vengeance de la déesse outragée. Hésiode évoque trois Gorgones et son contemporain, Homère, n’en cite qu’une… Quoi qu’il en soit, dans ce monde grec où la magie et le merveilleux étaient omniprésents, il y aurait eu Sthéno (la puissante), Euryale (celle qui possède un grand domaine) et, la seule à être mortelle, Médusa (celle qui règne). Le sang jaillissant de la veine gauche de cette dernière était un poison puissant. Et celui de sa veine droite avait le pouvoir de ressusciter les morts… », explique cet antiquaire, spécialiste en monnaies et antiquités de Grèce, de Rome, d’Egypte et du Proche-Orient.
Un aspect répugnant adouci par les siècles
C’est vrai qu’elles sont hideuses ces Gorgones. Nez épaté, yeux globuleux, bouche armée de défenses de sanglier, langue souvent tirée et chevelure de serpents, elles étaient, début du VIIe siècle, représentées sous forme d’un centaure au féminin. Sculptures, elles sont dotées d’ailes en or, d’un corps couvert d’écailles et de serres d’airain, le bronze des dieux. Une férocité adoucie par les siècles… « De l’Etrurie au sud de la Turquie, poursuit Dominique Thirion, elles avaient place sur les frontons et sur les frises des temples – la plus célèbre étant celle de Sélinonte en Sicile –, sur des vases athéniens, sur des portes et des murailles, sur des tombes, à l’entrée des cimetières, sur des pièces de monnaie – jusqu’au IIIe siècle de notre ère – et, bien sûr, sur les cuirasses et boucliers des empereurs de Rome. Car leur mission était de protéger, en terrorisant l’ennemi, en faisant fuir les mauvais esprits, en éloignant la malchance. »
La malédiction de Persée
« L’oracle de Delphes ayant prédit que son petit-fils le tuerait, le roi d’Argos Acrisios fit enfermer son unique fille, Danaé. Mais Zeus se transforma en pluie d’or pour séduire la recluse qui enfanta alors Persée. Pour se débarrasser du danger, Acrisios enferme mère et enfant dans un coffre et le jette à la mer ! Le coffre échoue sur l’île de Seriphos, où le pêcheur Dictys adopte le duo… jusqu’au jour où, amoureux de Danaé, le roi des lieux réclame à Persée la tête de Médusa. Athéna offre à Persée un bouclier si poli qu’il fait miroir, Hermès lui confie une épée à pointe recourbée… Muni de sandales parées d’ailes, d’une besace pour recueillir la tête de la Gorgone à la chevelure de serpents et du casque d’Hadès, qui rend invisible, Persée affronte Médusa en lui renvoyant son image horrible dans le reflet de son bouclier et, ainsi protégé de son regard pétrifiant, lui tranche la tête ! De ce sang naîtront les fils de Poséidon, Chrysaor et Pégase. Et Persée enfourchera ce dernier pour rejoindre Danaé puis Acrisios. Puis il offrira la tête de Médusa à Athéna, qui en ornera son bouclier, l’égide… Et, prédiction oblige, Persée finira par tuer accidentellement son grand-père lors d’une compétition de lancer du disque. » Tous mythes et légendes que racontèrent au cours des siècles la monnaie, la ferronnerie, la poterie, la sculpture et qui influencèrent les légendes chrétiennes des saints pourfendeurs de dragon.
Quand Néron frappait monnaie
Le Soir, Jeudi 1er octobre 2009
COLJON, CLAIRE
Un empereur à réhabiliter !, insiste l’antiquaire. Aimé du peuple dont il était proche, il fut accusé de tous les maux par Suétone dans La Vie des douze Césars et par Tacite dans ses Annales, tous deux membres d’un sénat qui eut fort à pâtir d’une terreur installée par Néron à son encontre. L’homme était certes un exalté, mais le début de son règne fut brillant et certaines de ses réformes, judicieuses. »
Membre de la Chambre royale des antiquaires de Belgique et de l’Iadaa (International Association of Dealers in Ancien Art), Dominique Thirion collabore avec l’Art Lost Register et est, depuis 1982, spécialisé en monnaies et antiquités de Grèce, de Rome, d’Egypte et du Proche-Orient. Histoire de ce sesterce et de l’empereur qui l’émit.
Guerres et paix
Frappé entre 66 et 68, il est non plus en bronze, mais en orichalque, alliage de cuivre et de zinc. Il présente sur son avers la tête laurée de Néron et sur son envers une vue en perspective du temple de Janus Geminus décoré d’une guirlande et portes fermées. « Le principal temple de Janus se trouvait sur le Forum de Rome, explique Dominique Thirion. La légende disait que ce dieu aux deux visages avait le don de voir à la fois le passé et l’avenir, ce qui lui conférait une grande sagesse. Il était considéré comme le dieu des frontières, celui des commencements et des fins. Aux extrémités du temple de Janus : des portes. Elles étaient ouvertes en temps de guerre afin d’offrir au dieu la possibilité d’intervenir, fermées en temps de paix. Un événement rarissime ! On raconte que cela s’est passé une première fois sous le règne de Numa Pompilius, le successeur de Romulus. La seconde en 235 avant notre ère sous Titus Manlius et la troisième sous Auguste en 29 avant notre ère. La quatrième concerne Néron, en 66 de notre ère et la dernière et définitive, en 70, sous Vespasien. »
La raison de cette fermeture en 66 ? « L’épilogue d’un long et sanglant conflit avec les Parthes pour l’occupation de l’Arménie… Une guerre terminée par un compromis – salué par tous, même les ennemis de l’empereur ! – qui assura la paix pendant cinquante ans ! »
Vie et mort d’un empereur
Né en 37 sous le règne de Caligula, son oncle, acclamé empereur à dix-sept ans, la vie de Néron fut émaillée de conspirations, de scandales et de soupçons, pas toujours fondés… « Les cinq premières années de son règne furent brillantes, le défend l’antiquaire. Néron n’était pas un conquérant belliqueux, plutôt un découvreur. Entouré par Sénèque, son précepteur et par Burrus, le préfet du prétoire, il ouvre de nouvelles routes commerciales, entreprend le creusement du canal de Corinthe, positionne une flotte sur la mer Noire, remonte aux sources du Nil… »
Les choses se gâchent en 62, quand meurt Burrus, quand il répudie son épouse Octavie au profit de Poppée, sa maîtresse enceinte, qu’il sera plus tard soupçonné d’avoir tuée (tout comme il aurait fait assassiner sa mère, Agrippine II et Britannicus, son successeur possible) et quand il révoque Sénèque.
Deux ans plus tard, Rome est détruite par un gigantesque incendie et Néron, alors en tournée artistique à Naples, est un coupable tout désigné. Ses grands et fastueux travaux de modernisation font enfler la rumeur…
Des impôts sont levés, des expropriations effectuées. Besoin de plus d’argent encore ? Néron réforme la monnaie en abaissant le poids des pièces d’or et d’argent au profit du denier, la monnaie des affaires. La mesure favorise le commerce avec l’Orient mais lèse des sénateurs déjà fort mécontents. Le massacre des chrétiens détournera un temps l’attention.
Mais la révolte enfle et, en 65, la conspiration de Pison, est déjouée. Néron s’en va pour une tournée de deux ans en Grèce pendant que se poursuivent impôts et expropriations, entraînant la révolte de la Gaule lyonnaise. Les représailles ne se feront pas attendre : Néron ordonne le suicide de plusieurs généraux.
Affolé par l’insurrection de la Judée et de l’Espagne, il s’enfuit et, le 9 juin 68, se suicide en se poignardant la gorge. Fin de la dynastie julio-claudienne, fin d’un empereur à l’ambition d’artiste : « Quel acteur magnifique meurt avec moi… »
Quand les Gaulois frappaient monnaie
Le Soir, Jeudi 31 mai 2007
COLJON, CLAIRE
Encore inconnue des Celtes mais d’usage courant dans le bassin méditerranéen, la monnaie fait son apparition en Gaule dès la fin du VIe siècle avant Jésus-Christ.
Importée par les marins grecs fondateurs de la Cité Phocéenne, la monnaie ne commence à se répandre parmi les peuples limitrophes que trois siècles plus tard, avant de se propager dans la Gaule entière.
« Toutes ces monnaies frappées par les Gaulois, qu’ils soient Parisii, Rèmes, Arvernes ou Trévires, font partie de notre culture », souligne Dominique Thirion, antiquaire ouvert à l’archéologie classique et orientale, mais aussi numismate. Une passion pour cette science relativement récente - « elle ne date que du XIXe siècle et est en constante recherche ! » - qui l’a amené à publier une quarantaine de catalogues consacrés à la numismatique grecque, romaine et gauloise. Et qui, pour fêter le vingt-cinquième anniversaire de son activité, projette pour octobre une exposition de ses pièces les plus rares.
Un bel exemple en est cette monnaie gauloise, un statère d’or frappé par les Rèmes dans la première moitié du premier siècle avant notre ère, d’un style et d’une conservation exceptionnels.
Le statère de Philippe II
« Lorsque les Grecs débarquent dans le sud de la Gaule chevelue, ils apportent leur monnaie, moyen d’échange déjà bien implanté dans les pays de la Méditerranée. Au IIIe siècle de notre ère, les pièces les plus répandues étaient alors les statères d’Alexandre le Grand et, surtout, de son père, Philippe II de Macédoine. Sur l’avers, ces derniers représentaient une tête d’Apollon et, sur le revers, un char conduit par un aurige et tiré par deux chevaux. Le choix de ce modèle n’est pas anodin : dans le répertoire établi par César lors de la guerre des Gaules, Apollon était l’équivalent du grand dieu Lug des Gaulois et le cheval un animal des plus nobles, compagnon indispensable des guerriers et qui évoque évidemment la déesse Epona. »
Indépendantes du point de vue du monnayage, la majorité des tribus du sud de la Seine copièrent d’abord fidèlement ce prototype avant de s’en éloigner plus sûrement. « Elles ont peu à peu imposé leur style : le bige devient cheval unique, l’inscription de Philippe, l’aurige, le char et les symboles qui l’entourent se transforment en éléments décoratifs occupant tous les espaces, comme il était de tradition dans l’art celte. »
De la figuration à l’abstraction
Également présent et plus typique en Gaule Belgique est le modèle choisi par une tribu implantée du côté d’Amiens, sur la route commerciale de l’étain qui reliait le sud de l’Italie et l’Angleterre. « Elle représentait elle aussi un bige et son aurige, mais son avers était une tête d’Héra coiffée d’un voile. Le visage était de profil, et l’on distinguait nettement le diadème maintenant le voile, la chevelure, les vêtements et l’oeil de la déesse. Au fil du temps et des échanges, les tribus l’ont peu à peu stylisé, décomposé même, pour mettre en évidence qui le diadème, qui la chevelure. Ou encore l’oeil, pour ce qui concerne les Trévires (pays de Trèves) et le peuple des Rèmes (pays de Reims). »
C’est de ce pays des Rèmes que provient ce précieux statère d’or dont l’oeil humain, vu de profil, occupe l’avers tandis que son revers représente un cheval au galop surmonté d’un V dans un coeur perlé. En dessous, on remarque un annelet centré dans un coeur perlé et, devant, un petit carré linéaire et un astre. « On est proche de l’abstraction ! Les Gaulois ont adopté les lignes courbes, familières aux peuples nomades ou migrants, et en ont fait une de leurs caractéristiques. Leur art, pourtant contemporain des créations si réalistes des Grecs et des Romains, nous semble tellement moderne. »
Des temps de rencontres
Et Dominique Thirion de souligner encore cette capacité extraordinaire de nos ancêtres à faire exploser un motif ou un visage jusqu’à atteindre l’abstraction, et leur goût pour l’exubérance des motifs. D’évoquer le monnayage d’urgence qui supprime la représentation du visage. Et les Ambianis qui privilégiaient la coiffure au profil qu’ils faisaient tout petit. De parler des matrices, tellement plus grandes que les pièces : « Les images étaient alors incomplètes et il y manque parfois un élément important. » Toutes ces pièces de monnaie encore mal connues témoignent pourtant de notre culture ancestrale, diluée par la force du rouleau compresseur romain, mais qui, « d’où qu’elles viennent et quelle que soit leur forme, sont toujours le reflet d’une volonté profonde de liberté ».
Dominique Thirion évoque enfin la BAAF, Brussels Ancient Art Fair, à laquelle il participe cette année encore. « Une invitation faite au badaud comme au collectionneur de revenir dans les galeries et d’y rencontrer les antiquaires. L’opportunité de dialogues avec des spécialistes de tous domaines, de toutes nationalités et regroupés en un seul lieu. L’occasion enfin de voir, de toucher et peut-être d’emporter tous ces objets plutôt que de tenter de les acquérir d’après les photos (parfois trompeuses !) des catalogues des salles de vente. Aussi prestigieuses soient-elles. »
Une olla de Daunie, étonnamment contemporaine
Le Soir, Jeudi 24 février 2005
COLJON, CLAIRE
On la dirait tournée et décorée par un potier d’aujourd’hui. Elle est pourtant l’oeuvre d’un artisan du quatrième siècle avant Jésus-Christ.
Voyage dans l’espace et le temps en compagnie d’un homme qui rêve d’une galerie où se côtoieraient oeuvres d’art anciennes et actuelles. Nous sommes dans le sud de l’Italie, plus exactement dans les Pouilles actuelles, entre 330 et 300 avant notre ère. La région s’appelait alors l’Apulie et était peuplée par les Iapyges venus d’Illyrie (la côte Dalmate). Ils se divisaient en trois grands groupes : les Messapiens qui vivaient sur la péninsule salatine, les Peucétiens qui occupaient la région centrale. Et les Dauniens, installés sur les plaines septentrionales et le promontoire du Gargano, explique Dominique Thirion.
Fils de numismate et numismate lui-même, cet antiquaire curieux n’a guère tardé à élargir l’éventail de ses recherches pour s’intéresser aux objets, aux vases, aux bijoux grecs et romains, mais aussi celtes et mésopotamiens... Les pièces de monnaies attirent le plus souvent des hommes qui enserrent leurs collections dans des coffres. La démarche est toute différente quand il s’agit d’acquérir un objet. Il tente aussi les femmes et elles prennent plaisir à l’exposer...
Céramique Iapyge
Quatrième siècle avant notre ère, la Daunie n’a pas subi la colonisation grecque et maintient sa longue tradition de céramique. Les oeuvres produites sont tout à fait originales et se caractérisent par des formes inhabituelles, des anses très hautes, de larges embouchures et des sculptures féminines qui prendront plus tard leur indépendance. On trouve des askos (vases en forme d’outre), des attingitos ou kyathos (vases ouverts à une ou deux anses surélevées), des vases filtres, aux courbes rondes et sensuelles toujours.
Ou encore cette olla (cratère) dont l’embouchure oblique prend l’allure d’un véritable entonnoir. Elle est typique de la ville de Canosa, célèbre pour ses nombreux ateliers de potiers et devait elle aussi être un vase cultuel et provenir d’une sépulture.
Un objet cultuel
Pas d’écrits de référence - la civilisation était orale -, on sait pourtant que, au contraire des habitants du nord qui préféraient incinérer leurs morts, les Dauniens pratiquaient l’inhumation. Mais on connaît peu de chose de la probable utilisation de cette olla. On dit qu’elle servait peut-être à recueillir le sang lors du sacrifice d’une victime. Les deux mains stylisées étant alors chargées de faire fuir les mauvais esprits...
Parfois accompagnée d’une petite écuelle, elle aurait également pu contenir de l’eau ou du grain - la production céréalière étant à la base de la richesse de cette civilisation - indispensables au défunt lors de son voyage vers l’autre monde.
Quand l’histoire s’illustre
Deux millénaires plus tard, la pièce est bellement intacte. Une surprise car, peintes après la cuisson, les couleurs sont plus fragiles. Si les motifs semblent étonnamment contemporains, ils sont pourtant caractéristiques de la production de cette époque ! Soit un décor peint en bandes horizontales dont le nombre peut varier. C’est la phase « listata » de la céramique, avec ses alternances d’ondulations, de motifs, de végétaux, de spirales. Et, dans l’embouchure, de petits animaux merveilleusement stylisés. Ils sont comme le prélude aux représentations à venir.
Quand les céramiques s’orneront de cavaliers lancés au grand galop, de chevaux marins, de combats de coqs ou d’un visage féminin. Celui de la défunte ou l’image symbolique d’Aphrodite ? Plus tard encore, lorsque les femmes seront représentées, on pourra découvrir leurs bijoux, leurs coiffures, leurs parures...
Une autre manière d’entrer dans l’Histoire d’une civilisation peu connue.
Lire aussi : « L’Art des peuples italiques, 3.000 à 300 avant J.-C. » (Electa Napoli).
Bruxelles sur les Thraces de l’Antiquité
La Libre, Vendredi 28 mai 2004
FARCY, PHILIPPE
Il est dans le marché de l’art international et belge en particulier des bonnes habitudes.Celle qui vit naître naguère le festival BAAF (Brussesls Ancient Art Fair) dans la mouvance d’un autre festival d’art non européen qui ouvrira trois jours plut tard (il s’agit de Bruneaf), est une grande et belle chose.
Grande par la vitalité du négoce qui s’est développé dans notre capitale depuis que Jacques Billen et Dominique Thirion en ont lancé l’idée de manière à donner une impulsion aux arts antiques dans notre pays. Ce segment vivait jusqu’il y a dix ans très replié sur lui-même et faute de rendez-vous d’un peu d’envergure il n’était pas possible pour les rares professionnels du secteur de faire parler d’eux dans les médias.
Belle, car les œuvres présentées sont depuis plus de cinq ans de très agréable facture. A l’heure où sur les écrans géants des cinémas les foules se pressent pour aller voir "Troie" avec en juste retour une approche assez précise des gens qui firent l’histoire de l’Antiquité, les marchands d’art peuvent espérer voir de nouveaux amateurs pousser leurs portes.
Un monde du silence
Aux Achille, Agamemnon et autre belle Hélène amoureuse de Pâris mouvants sous les caméras d’Hollywood, c’est un autre monde qui s’offrira aux amateurs. Un monde du silence mais dont les traces réelles seront déposées dans les vitrines et achetables à des prix qui n’ont pas toujours explosé. S’il n’est pas certain que l’on verra une épingle à épiler romaine exposée au musée de Périgeux comme on l’a présentée voici quelques jours dans l’émission "Des Racines et des Ailes", on admirera d’autres objets utilitaires ou de dévotion religieuse ou de decorum. Il en sera ainsi d’un bol en or gravé à deux anses que présentera la galerie de Francfort "Antiken-Kabinett". Cette maison sera établie dans la "Contrast Gallery" rue Allard. Le bol est grec et date du septième siècle avant le Christ.
Edith Bader-Koller viendra de Lugano avec des statuettes en terre cuite, grecques elles aussi mais plus jeunes de trois siècles. Toujours de Suisse où le marché européen trouve ses principales assises, on attend la venue de Robert Bigler qui a donné son nom à sa galerie. Installé pour l’occasion chez Robert Courtoy au 9 rue des Pigeons, il exposera entre autres choses une statuette du roi d’Egypte des 26e à 30e dynasties, ce qui nous place entre les ans 600 et 400.
Trésor de la galerie Cahn
La galerie la plus célèbre est sans doute celle de Jean-David Cahn, installée à Bâle et dont on peut voir les trésors dans les meilleurs foires du monde à commencer par celle de Maastricht. M.Cahn qu’accueillera la "Galerie XXe Deco Arts" fera le déplacement avec un vase grec peint orné d’un lion assis. La pièce est d’origine corinthienne et date de 570 avant J.-C. Cette même galerie bruxelloise servira de refuge à l’Anglais Charles Ede installé à Londres. Il exposera une tête d’homme égyptien des années 2350 avant J.-C., ce qui nous situe dans la 6e dynastie. L’Egypte trouve grâce encore chez Didier Wormser dont la galerie "L’Etoile d’Ishtar" est située rue des Beaux-Arts à Paris. Pour l’occasion, on le rencontrera chez "Harmakhis" rue des Minimes et l’antiquaire parisien exposera une superbe tête de dignitaire égyptien de la 13e dynastie. Par ailleurs, Walter Banko installé à Monréal a annoncé la venue d’un superbe torse d’homme (sans doute Dionysos) en marbre blanc. Il est haut de 90 cm et date du premier siècle après J.-C.
Sous la photo : Chez Thirion, vases, sculptures et monnaies comme ce sesterce romain [de Caligula] frappé à Rome, animeront les vitrines.